19/02/2021
Nous avons tenu à vous partager les mots émouvants et terriblement véridiques qu’une étudiante a adressée dans une lettre co-signée par nombre de ses pairs.
Ses mots parlent d’eux-mêmes :
« Je m’appelle Marine Thienpont, j’ai 18 ans, je suis en Bac1 à l’Ihecs, et je me fais la porte-parole de mes collègues étudiants ; comme la plupart d’entre eux, je n’ai qu’un seul souhait concernant mes études, celui de retrouver les auditoires.
On sait parfaitement qu’énormément d’étudiants souffrent de la situation. J’ai alors décidé de faire part de mon ressenti à ceux de mon école, afin de prendre connaissance du leur également. Suite à quoi nous avons décidé de nous mobiliser et souhaitons exprimer ce que nous avons sur le cœur depuis quelques mois.
Pour beaucoup d’étudiants, c’est leur deuxième année universitaire durant la crise sanitaire, soit pratiquement un an sans cours en présentiel à ce jour. Nous comprenons bien les enjeux et la difficulté que c’est de devoir prendre des décisions pour faire évoluer la crise du Coronavirus de la meilleure des manières. Cependant, plusieurs points nous échappent. En effet, de nombreux lieux publics ont rouvert, tels que certains espaces culturels, des magasins rendant les rues commerçantes bondées, les transports en commun dans lesquels la distanciation ne peut être respectée… Les élèves de secondaire retournent en cours, et nous ne pouvons pas retrouver nos locaux ?
En début d’année, l’IHECS avait instauré un système de tournante : la totalité des étudiants de Bac 1 était divisée en trois groupes et ils allaient en présentiel une semaine sur trois, tandis que les autres suivaient leurs cours en ligne. Ainsi, les étudiants qui venaient en auditoire s’asseyaient un siège sur deux et portaient leur masque ; cette méthode fonctionnait très bien. S’il est impossible de faire revenir l’entièreté des étudiants en présentiel, pourquoi ne pas retrouver un système comme celui-ci pouvant être adapté à toutes les années et à toutes les écoles ?
Nous n’avons plus droit à aucun contact, plus aucune interaction, plus aucune présence durant nos cours. De plus, certains élèves n’ont pas la chance d’avoir un environnement sain et calme pour suivre leurs cours à distance correctement. Pour tous types de raisons, certains ne disposent pas non plus du matériel nécessaire ou d’une connexion correcte pour bien travailler. Certes il existe des solutions mises en place par les universités, mais ce n’est pas ce que nous voulons.
Nous ne vous apprenons rien en vous disant que nous avons passé une session d’examen quelque peu spéciale. Celle-ci s’est avérée être un grand challenge pour beaucoup d’étudiants. C’était particulièrement stressant, alors qu’il s’agit déjà au départ d’une période relativement compliquée, puisque c’est un moment que beaucoup d’entre eux redoutent chaque année, et en particulier ceux de Bac 1, qui ne savent pas vraiment à quoi s’attendre, d’autant plus au vu des circonstances exceptionnelles de cette année.
Nous avons dû nous accrocher, nous prendre en main plus que prévu, afin de ne pas perdre la moindre motivation. Nous entamons maintenant le deuxième quadrimestre ; nous sommes épuisés, autant physiquement qu’émotionnellement. Devons-nous vous rappeler le taux de décrochage scolaire de cette année qui est complètement anormal comparé aux années précédentes ?
Nous nous sentons seuls, incompris et frustrés, pas seulement par notre premier blocus (pour beaucoup), mais par le fait que nous ne pouvons pas avoir un enseignement « normal », ou dit « de qualité » comme promis par les institutions en début d’année. Nous, étudiants de la Belgique tout entière, avons le sentiment de ne pas être écoutés, et que personne ne se soucie de nous. Or, encore une fois, nous savons que le gouvernement fait tout pour préserver notre santé et celle de nos professeurs et nous savons qu’ils sont conscients que cette année n’est pas évidente pour nous.
En début d’année, nous nous sommes inscrits dans une université ou une haute école parce que nous avons choisi ce que nous voulions étudier. Nous voulons travailler, nous voulons apprendre, et nous voulons avoir un avenir.« Je suis arrivé à l’Ihecs avec une réelle envie de réussir, en sachant déjà que j’allais avoir une année sans les points positifs de la vie étudiante (fêtes, traditions, projets étudiants…). J’ai essayé, j’ai fait tout ce que je pouvais pour suivre les cours en distanciel. J’ai ressenti de la culpabilité de ne pas savoir suivre ceux-ci comme je l’aurais voulu, et avec le temps je me suis rendu compte que ce n’était juste pas possible. »
« Je suis fatiguée de la situation. Ma plus grande motivation pour travailler était de me rendre sur place pour suivre les cours. Être obligée de les suivre sur mon ordinateur les rend moins vivants, ce n’est pas agréable du tout. »
« On me dit “courage”, “ça va aller”, “on pense à toi”, mais ce n’est plus de courage dont j’ai besoin, ça ne suffit plus. J’ai besoin d’une vie sociale, de nouveaux amis… Je n’ai plus envie de réussir, plus la motivation, plus le goût de rien. Je me lève, je suis mes cours, je mange, et je dors. »
Tels sont les ressentis de certains d’entre nous. Nous sommes jeunes, nous avons la vie devant nous, c’est vrai. Nous ne voulons pas mourir, nous ne voulons pas faire mourir les autres. Mais en étant enfermés et en nous empêchant d’avoir accès à la base de notre vie d’étudiant, nous sommes malgré tout en train de dépérir. Au nom de tous les étudiants éprouvant un sentiment similaire, s’il vous plaît, rendez-nous nos auditoires. »
C'est un sentiment partagé et nous espérons que les responsables politiques puissent l'entendre, entendre la jeunesse du pays qui est à bout. Il est capital que le bonheur reprenne place dans nos vies !
Cette crise marquera notre génération! Mais il faut garder espoir les amis, une fois cette crise passée, on fera tous la fête sur le campus et la Vie reprendra son cours...
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